L’aïkido, ses techniques et son histoire, nous expose à la langue japonaise. Voici un premier petit texte qui vous donnera, si vous la découvrez, peut être envie d’aller plus loin.
La langue japonaise s’écrit au moyen de plusieurs systèmes.
Enfant, on apprend à écrire tous les mots au moyen de 2 syllabaires (« kana« ) . L’un sera utilisé plutôt pour les mots japonais (hiragana, 46 symboles plutôt ronds, issue de kanji ayant inspiré leur prononciation), l’autre (katakana, 46 symboles plutôt cursifs) sera plutôt utilisé pour écrire les mots étrangers (sandwich, Arbeit, Furansu, Amerika,…).
Au fur et à mesure de son apprentissage, l’élève japonais apprend à remplacer ces syllabes par des symboles apportant avec eux plus de profondeur, de sens, les kanjis (ou « caractères des kans »).
Les lettres occidentales sont aussi enseignées après quelques années et permettent aussi d’écrire les mots étrangers, ou écrire le japonais avec l’alphabet occidental, on les appelle alors romaji ( « caractères de Rome »)
D’où cela vient-il ?
Après plusieurs vagues migratoires de Chine et de Corée il y a 2 millénaires, le Japon a gardé des liens forts avec le continent. Lorsque des émissaires chinois y ont apporté le bouddhisme entre le 4 et le 8ième siècles, ils ont aussi amené l’écriture chinoise de cette époque. A ce moment ou l’état japonais s’établissait, les caractères chinois inspirèrent la création des « kanjis » pour transcrire la langue japonaise. Reprenant la forme, le sens et/ou les prononciations, des caractères chinois étaient posés sur la langue orale japonaise.
Les classiques chinois restèrent longtemps les marques d’une bonne éducation, et la langue chinoise la langue privilégiée pour les textes administratifs, à la manière du latin en Europe.
Les premiers textes japonais empruntèrent aux caractères chinois leurs formes, leurs symbolismes, ou leur prononciation. Parfois des expressions japonaises naquirent de l’abréviation de poèmes ou proverbes chinois (ainsi en aïkido, 率先窮行, 4 caractères issus d’un proverbe chinois, écrit en romajis « sossenkyuukou » et traduit par le principe « agissez avec confiance »).
Les kanjis nés de cette rencontre avec la Chine, se retrouvèrent avec des lectures « à la chinoise” (on-yomi) et « à la japonaise » (kun-yomi), et parfois une prononciation spéciale utilisée pour des noms de famille (nanori).
Leur forme évolua un peu (certains furent aussi créés au Japon et n’ont qu’une lecture kun-yomi), mais reste encore assez proche de nombreux symboles chinois (qui eux aussi ont évolué de leur côté).
Jusqu’au siècle dernier, certains poètes publiaient parfois des textes lisibles en chinois avec un sens, et en japonais avec un autre sens, les deux entrainant des réflexions éclairant la pensée de l’auteur.
Tous ces symboles demandaient beaucoup d’études, et des érudits proposèrent de les remplacer par des syllabaires, remplaçant les milliers de kanjis ou caractères chinois (hanzi en chinois) par quelques dizaines de syllabes. S’inspirant des kanjis pour leur graphie, leur prononciation, les kanas apparurent.
Les kanjis n’étant pas enseignés aux femmes, ce sont les kanas qui servirent à la création du premier roman japonais au Xieme siècle, par la japonaise Murasaki Shikibu pour un public féminin (Le dit du Genji).
Les textes modernes sont une combinaisons de kanjis (noms, base verbale, adjectifs,..), hiraganas (déclinaison verbale, conjonctions), katakanas (mots étrangers, mots mis en valeur), romajis (mots étrangers célèbres).
Aujourd’hui les enfants apprennent les hiraganas pour écrire tous les mots japonais dès la fin de la maternelle et Cp (aidé par des magazines, des jeux éducatifs), ainsi que les katakanas pour retranscrire les mots étrangers ou mettre en avant des mots (comme l’italique ou les majuscules en Occident).
A partir du Cp, ils apprennent 100 a 250 kanjis tous les ans pour remplacer les kanas progressivement. Tous les livres et magazines du pays sont édités pour utiliser les kanjis correspondant à l’âge des lecteurs, ou proposés des petits sous-titres avec la prononciation en kana (appelé « furigana » pour l’occasion).