Ki Aikido (氣合氣道)
3 kanji (idéogrammes) à la base de cette expression.
- 合い Ai: correspondre, convenir, harmonie,
- 氣 Ki: énergie, souffle, respiration, vie, volonté, électricité
- 道 Dou: voie, chemin
L’idéogramme pour le ki utilise souvent l’ancienne graphie 氣 (d’avant la réforme de 1946 au Japon), plutôt que l’écriture plus moderne, 気. La partie basse, formée par les éléments pour la vapeur, la respiration, fut simplifiée. A l origine, des symboles voulant dire « faire don de riz », devenu respiration.
Le Ki Aikido fut créé par Tohei Sensei dans les années 70, à partir de l’aïkido de Morihei Ueshiba, qu’il enseignait depuis les années 50 (directeur technique de l’Aikikai) et des techniques de son second maître, Tempu Nakamura le fondateur du yoga japonais (shinshin toitsu dou, ou « la voie du corps et de l’esprit unifiés » ou « la voie de la coordination du corps et de l’esprit »).
Au Japon, il nomma sa voie Shin shin toitsu aikidou (心身 統一 合氣道, « aikido avec corps et esprit unifié). Ce style d’aïkido devint plus connu sous le nom de Ki Aïkido, mettant l’accent, pendant l’enseignement des techniques d’aïkido, sur le concept de ki, les tests de ki, les exercices de développement du ki, la respiration par le ki, etc…
Mais qu’est-ce que le ki ? A défaut de pouvoir venir pratiquer dans l’immédiat et ressentir in situ, voici un article et quelques références sur le ki, un mot japonais qui ne définit pas une chose claire, mais qui est utilisé dans de nombreux concepts.
Peut-on réduire le ki à un objet ou une force physique, ou au contraire à une abstraction plus ésotérique ? Est-ce un concept avant tout utilisé pour faire réfléchir, à la manière d’un koan zen entraînant l’esprit à penser à de nouvelles idées, à partir de concepts absurdes ?
Est-ce une technique d’entraînement mentale, une image mentale permettant au pratiquant de mieux visualiser ou comprendre des concepts (plus facile de parler de ki que de muscles, fascia, etc…) ? Une expression japonaise décrivant le mouvement, la volonté, l’énergie ?
Un mélange de tout cela ?
En Ki Aïkido, on retrouve ce terme dans nos exercices de développement du ki, dans nos tests de ki permettant de développer une meilleure coordination. En méditation ou pendant une technique, on parle « d’étendre son ki », « suivre » ou « respecter le ki de son partenaire ».
Tohei Sensei écrit dans ses « Ki Sayings » (Shokushu, courts textes qui étaient lus avant la pratique, pour inspirer les élèves) sur le ki:
« L’univers ultime est Un. Nous appelons cela le ki. Nos vies et nos corps sont nés du ki de l’Univers » (Shokushu 3)
ou encore
« Nous commençons à compter toute chose avec le nombre Un. Il est impossible que ce Un puisse jamais se réduire à zéro. Parce que tout comme quelque chose ne peut être fait de rien, Un ne peut être fait de zéro.
Ki est comme le nombre Un. Le ki est formé de particules infiniment petites, plus petite qu’un atome. Le ki universel se condense pour former un individu, qui, encore plus condensé, donne le point unique dans le bas de l’abdomen, qui infiniment condensé ne donne jamais zéro, mais devient un avec l’Univers. Nous comprenons la définition du ki ainsi. » (Shokushu 11)
Kenjiro Yoshigasaki, un des élèves de Tohei Sensei, rappelle que « le ki s’écrit avec un caractère chinois, et qu’il y a une signification chinoise qui peut prêter à confusion avec le sens japonais. Dans le sens japonais, le ki est quelque chose qui n’est pas clair, qui ne peut être défini. Dans la vie quotidienne, cela veut dire une sensation, un sentiment, des émotions ou des idées qui ne sont pas claires mais qui le deviendront plus tard. Ou une motivation, etc. Comprendre le ki est important dans le sens où il s’agit de comprendre nos propres vies, nous comprendre nous-mêmes. »
Kisshomaru Ueshiba dans un interview dit « qu’en aïkido, on s’entraîne en permanence pour contrôler le ki de notre partenaire librement à travers le mouvement de notre propre ki, en attirant le partenaire dans notre propre mouvement. »
Ce concept, cette notion, se retrouve dans de nombreuses expressions japonaises:
- ki o tsukete: faites attention
- ki ga au: être similaire
- ki ni iru: être satisfait
- ki ga ii: avoir une bonne nature
- ki ni sawaru: être offensé
- kakki: énergie, vitalité
- ki ga tsuku : realiser, prendre note
- tenki: climat (ten: ciel, paradis)
- denki: électricité (den: électrique)
- kion: température (on: chaleur)
- kimochi: sentiment, sensation
- ki ni shinaide: ne t’en fais pas
- reiki: énergie spirituelle
- genki: santé
- kisoku: respiration
- keshiki: humeur
- yuuki: courage, bravoure
- iki: esprit, coeur (le mot pour « respiration » se prononce aussi iki)
- kiai: cri
- aiki: union de deux esprits
- sakki: sanguinaire
- ikki: une respiration
- …
Le « ki » reste une notion liée à l’humeur, les sensations, l’air, le gas, la disposition, les sens, l’effet placebo, le charisme, une force mystérieuse, une force vitale présente chez tous les êtres vivants, etc…
Dans son ouvrage, « The mysterious power of ki », Kaku Kouzu liste l’histoire du concept, son utilisation dans les arts martiaux (et en particulier l’aïkido) pour promouvoir une approche plus holistique de la pratique martiale.
Il cite la définition qui est donnée par le dictionnaire Koujien:
- quelque chose qui peut être considéré comme remplissant l’espace entre le ciel et la terre, et son action
- un phénomène naturel comme la pluie, le vent, le froid ou le chaud
- l’origine de toutes les créatures
- un élan vital
- un mot exprimant l’état, le mouvement ou l’action de l’esprit
- l’atmosphère d’un endroit, qui peut être senti mais pas vu
- quelque chose qui forme l’essence d’un être; un parfum ou un goût particulier
Un institut de recherche sur le ki fut même fondé par Tohei Sensei au Japon – dans le but d’améliorer les techniques enseignées (respiration, méditation, correction de la posture, etc..), et un ouvrage « le ki dans la vie quotidienne » lui fut aussi consacré.
C’est tout pour aujourd’hui !
A bientôt sur les tatamis.